A ce niveau de la journée, le programme prenait beaucoup de retard et il a été annoncé que Mme Fleur Pellerin commencerait son intervention à 17h30 précise comme prévu, ce qui a obligé à véritablement amputer les interventions suivantes, certaines passant de 20 ou 30 minutes à 10 minutes ou moins. Personnellement, j'aurais voulu entendre bien plus longuement M. Pouria Amirshahi qui avait beaucoup de choses à dire, en tant que rapporteur, et M. Taillandier dont l'intervention était extrêmement intéressante.
Bernard Cerquiglini, ancien délégué général à la langue française et aux langues de France, c'est-à-dire M. Francophonie et langue française, actuel recteur de l'AUF, Agence Universitaire de la Francophonie
Intervention : la langue Toubon dans le contexte francophone
Les pays membres de l'OIF réservent un accueil variable à la langue française. 48 pays sur 77 ne sont pas favorables à une législation sur le français, souvent lorsque ce n'est pas leur langue officielle. Cela soulève le problème de l'extension de l'OIF à de nouveaux pays membres qui ne sont liés à la langue française que de très loin.
B. Cerquiglini est donc favorable à la promotion d'un pacte linguistique dans l'esprit de la loi Toubon. C'est quelque chose de tout récent, qui a déjà été signé par quatre pays pour l'instant : Sainte Lucie, le Liban, Vanuatu et les Seychelles. Pour chacun de ces pays, le français est une langue déjà présente.
Notons que le Mali a vu le nombre de ses francophones multiplié par 10 en 25 ans.
Robert Vézina, président-directeur général de l'Office québécois de la langue française et président de la Commission de toponymie
Intervention : La voie québecoise
J'ai n'ai pu prendre qu'assez peu de notes car son intervention était très dense avec de nombreux chiffres à l'appui. J'étais déjà familier avec une bonne partie de ces chiffres et de leur tendance.
Ce que j'en ai retenu, ce sont les efforts de francisation au Québec qui ont suivi l'établissement de la fameuse loi 101. Le bilan semble bon au Québec (le reste du Canada n'était pas l'objet de cet exposé). Si très peu d'anglophones étaient bilingues à l'époque de cette loi, ils le sont maintenant majoritairement. Le taux de francophones bilingues a lui aussi également augmenté.
Un chiffre encourageant concerne le nombre d'allophones scolarisés en français : 14,6% en 1971, et 85,4% aujourd'hui. Les nouveaux arrivants s'insèrent donc davantage à la société francophone.
On regrettera qu'un invité venant de si loin ait été obligé d'abréger autant son intervention alors que l'exemple québecois est plus qu'intéressant pour nous, Français, étant pour nous un modèle à suivre en termes de politique linguistique et d'efficacité, vu la situation d'hégémonie de l'anglais (350 millions d'anglophones autour).
Jean-Marie Klinkenberg, linguiste et sémioticien belge, au CV bien fourni, a livré un exposé vivant, intellectuellement stimulant et truculent. Tellement truculent qu'il a provoqué l'hilarité de l'assemblée et que votre humble envoyé spécial en a oublié de prendre des notes. Son intervention s'intitulait « l'enjeu linguistique en Europe : cohabitations linguistiques »
Trois remarques sur la loi Toubon :
1) « La loi Toubon explicite ce qui reste implicite ailleurs ». Bien souvent les pays qui pratiquent la non-intervention sont des pays qui peuvent s'en priver, soit parce qu'ils sont unilingues ou parce que la pression sociale dirige la société vers l'unilinguisme. Le cas de la France confirme cela malgré les apparences : la société est certes majoritairement unilingue, mais l'anglais tend à s'immiscer dans la vie de tous les jours, dans nos universités...
2) la loi Toubon est globalisante, elle vise à légiférer sur de nombreux domaines (publicité, médias, administration, monde de l'entreprise...)
3) la langue française y est associée à un projet citoyen, à un projet de société. Autrement dit, la langue française n'est pas qu'un outil, mais est un élément constitutif de notre identité.
Retrouvez une vidéo de Jean-Marie Klinkenberg en cliquant ici.